Le Groupe des 20 (G20) réuni à Londres a publié des conclusions en 29 points comportant six engagements des participants « pour sortir l’économie mondiale de la récession et empêcher qu’une telle crise se reproduise dans l’avenir ». Il expose ces engagements d’une façon plus détaillée dans une déclaration annexe sur « le renforcement du système financier ». Dans cette perspective, le G20 s’engage à rétablir la confiance, à refonder le système financier international et à relancer l’économie mondiale. Selon le président de la Commission européenne, « la marque européenne est clairement dans toutes les conclusions du G20 ».
Il est assez difficile a priori de savoir comment l’influence de l’Union européenne (UE) a pu s’exercer au sein du G20 à cause de l’ambiguïté qui pèse sur la nature des représentants des intérêts européens au sein de ce groupe. Mais si on écarte cet aspect formel, on peut tenter d’évaluer l’influence de l’UE sur les conclusions du G20 portant sur la relance économique mondiale et sur la réforme du système financier international en se référant aux positions prises sur ces sujets par le Conseil de l’UE avant la réunion du G20. Les positions du Conseil sur la relance sont celles déjà exprimées dans le programme mis sur pied par les chefs d’Etat et de gouvernement de la zone euro et avalisées par le sommet européen du 15 octobre 20081. Celles concernant la réforme financière se fondent sur les différentes mesures prises par l’UE dans le passé et sur certaines de ses propositions faites à des organismes internationaux pour assainir le système financier international.
1.La représentation des intérêts européens dans les débats du G20
Le forum du G20 réunit les chefs des Etats des 19 économies les plus importantes du monde auxquelles s’ajoute, comme en appendice, l’UE. De ce fait, coexistent, au sein du G20, les représentants de l’UE et les chefs d’Etat de quatre pays européens qui font partie de l’UE et qui participent de droit au forum. Il est donc difficile de savoir a priori si « la marque européenne » dont parle le président de la Commission est celle imprimée par les représentants de l’UE ou par ceux des quatre pays européens qui ont défendu les intérêts de l’UE sur la base d’un mandat implicite tout en ménageant leurs intérêts nationaux.
Dans les faits, c’est moins la Commission européenne, que le couple franco-allemand et la Grande-Bretagne qui se sont montrés actifs dans les débats du côté européen. Mais ces pays n’ont pas défendu les mêmes positions. En effet, alors que la Grande Bretagne soutenait plutôt le point de vue américain sur la primauté à donner à des mesures de relance, les chefs d’Etat français et allemand militaient prioritairement pour une régulation financière internationale. Ils défendaient ainsi des positions que le Conseil européen avait décidé de soutenir. En prenant la parole au nom de l’Europe, ils semblent se placer dans le même esprit pragmatique que celui adopté par le président de l’UE en octobre 2008 pour réunir les quatre responsables politiques européens du G7 afin de prendre des mesures contre la crise au nom de l’UE. Leur initiative est renforcée par le soutien des premiers ministres espagnol et néerlandais en tant qu’invités du G20.
2.La relance de l’économie mondiale
Le G20 annonce un programme de relance qui se montera à 5000 milliards de dollars pour deux ans. Ce plan comporte trois volets : une validation des plans de relance nationaux, la restauration des activités de crédit et une augmentation des ressources du FMI.
La validation des plans nationaux de relance
Le premier volet du programme annoncé par le G20 est une juxtaposition des différents plans nationaux décidés avant la réunion du G20 par les grands pays. Il comporte des mesures très disparates, comme des hausses de dépenses publiques, des baisses d’impôts, des garanties et des prêts. La décision du G20 de se limiter aux plans nationaux déjà existants est conforme aux souhaits exprimés par le Conseil européen de ne pas accroître l’effort de relance en Europe. De plus l’absence d’un plan mondial de relance économique correspond à la conception de l’UE qui, dans la gestion de la crise européenne, s’est également contentée de définir quelques principes encadrant les politiques nationales. On peut noter que le G20 n’a pris aucune position sur les modes de financement des plans nationaux. Cette absence a permis d’éviter un conflit entre l’UE qui interdit le financement monétaire des déficits budgétaires et les USA dont la banque centrale a acheté pour 300 milliards de bons du Trésor américain le 18 mars 2009, ce qui correspond à un financement monétaire d’une partie du déficit public américain.
En n’adhérant pas à l’idée d’un plan de relance mondial et en refusant d’accroître ses efforts de soutien, l’UE ne semble pas avoir pris conscience de l’impact de la crise sur son économie. Or, cet effet est nettement plus important qu’aux Etats-Unis, notamment sur l’emploi, selon les prévisions suivantes publiées par le FMI le 22 avril 2009 :